Sélection d’Hatanna – Juin 2017

Chers renardeaux, avec un peu de retard, les livres sont de retour, pour vous jouer un mauvais tour. Ou pas. Vous divertir en tout cas, c’est ce que l’on souhaite quoiqu’il en soit. Ainsi, découvrons pour commencer un ouvrage asiatiquement épicé.
Connaissez-vous Serpents et piercings d’Hitomi Kanehara, aux Éditions 10-18 ? Ce texte est absolument fou. Du gore. Du trash, parfait. Les personnages sont sombres, atypiques. Des relations étranges se développent où deux personnes qui sortent ensemble et partagent le même toit ne connaissent même pas l’âge du partenaire, ni même son vrai nom. Certains passages sont très bien explicités et éprouvants mais le rendu est absolument merveilleux. C’est un ouvrage qui se lit vite et délecte des papilles averties. Vraiment, n’hésitez pas à le dévorer !

Pour plus de légèreté et pour ceux qui souhaiteraient retourner en enfance, ou y rester, nous ne jugeons pas, ouvrez vite le tome 15 de la série Cédric, Avis de tempête, de Laudec et Cauvin, des Éditions Dupuis. Cet enfant est toujours aussi drôle. Il me surprendra toujours quant aux scénarii qu’il invente pour échapper à la colère de ses parents lors de la réception du bulletin. Un génie. De la fugue à la fureur calculée du grand-père, tout est paramétré à la perfection. Et puis il y a toujours sa petite vietnamienne – euh pardon… CHINOISE – pour arrondir les angles et le rendre doux comme un agneau. Ainsi, dans cet album on retrouve une famille toujours aussi unie et une baraque à frites épanouie. Attention les garçons, ne jamais énerver une femme qui vous prépare à dîner. Jamais !

Bon, et si nous parlions plus sérieusement. La drogue… c’est mal, non ? L’œuvre dont je vais vous parler est touchante, poignante, extraordinaire. Et elle a dégoûté plus d’un jeune des substances illicites. Signée par un auteur anonyme, L’Herbe bleue, journal intime d’une jeune droguée, chez Pocket est une véritable dose de… Je ne saurais dire. Époustouflant. Au départ réticente, je ne savais pas vraiment dans quoi je m’engageais. Finalement, j’ai découvert la vie d’une jeune adolescente tombée dans la drogue, beaucoup trop tôt. Perdue, honteuse, elle parvient malgré tout à remonter la pente. On la suit dans ses déboires, ses tripes, ses doutes et ses angoisses mais également dans ses joies, intenses. Les pensées défilent, portées par les mots. La méchanceté d’un jeune ne connaît par ailleurs aucune limite. Est-ce la drogue qui accentue le fait ou bien est-ce dans l’air du temps de la société ? Cette jeune fille tente de surpasser ses démons mais la vie est semée d’embûches. Quel avenir s’offre à elle ? Dévorez ces pages pour le découvrir.

Mais la drogue peut prendre diverses formes. Et l’amour en est malheureusement une. Mon bel amour : Journal d’un prêtre amoureux d’Isabelle Viviani le démontre, publié chez Éditions Edilivre. Ne vous en faites pas, tout ne tourne pas autour de la religion et, même les non-croyants y trouveront leur compte.
« L’homme s’était amputé pour le bien du prêtre ». Ainsi, prend place un homme dont la voie est déjà parfaitement tracée. Mais voilà qu’une femme surgit. Nul ne sait alors comment réagir et face à ce choix cornélien – vocation/passion – les sentiments l’emportent, la folie déraisonne, et les actes emprisonnent. L’écriture est alors une voie de sortie et de poésie. D’ailleurs, le mot de la fin est très justement confié à Robert Desnos.
C’est dingue ce que la vie peut surprendre, dingue comme on peut être proche de quelqu’un et pourtant tout ignorer de lui. En amour, on pardonne et on sait souffrir en silence pour que l’autre s’épanouisse. Mais parfois la douleur est trop forte et on ne parvient plus à la contenir.

La toile de fond se tisse autour de la religion mais cela n’est en aucun cas un obstacle à la lecture du livre. Un débat sans fin quant à ce choix cornélien nous emporte au fil des pages. L’écriture est alors une voie de sortie et de poésie.
Un homme se cache. Il est sur la défensive face à celle qui fait tomber toutes ses barrières. La remise en question est frontale, brutale. Ces sentiments contradictoires vont le pousser à commettre l’irréparable.
Un monologue intérieur, des maux causés par des conclusions trop hâtives. La paranoïa se développe. La frontière entre l’amour et la haine est si mince.
Aimer jusqu’à la folie. Si je ne t’ai pas, personne ne t’aura. Il faut être mauvais pour dompter l’objet de ses désirs les plus ardents.
N’avez-vous jamais été aussi lâche ? Faire souffrir l’être aimé par simple orgueil blessé ? Ou volonté de supériorité ? Jusqu’à s’en dénaturer ? Jusqu’à le perdre pour l’éternité ?
Quand l’écrit fait écho…

Pour finir, voici le prix Goncourt de l’année décerné à Leïla Slimani pour Chanson douce chez Gallimard. Ce texte débute avec une phrase aussi marquante que celle de L’Étranger de Camus. « Le bébé est mort. » Parfaite pour plonger le lecteur instantanément dans la noirceur de ce drame. Myriam et Paul s’aiment et ont une petite vie heureuse avec leurs deux enfants, Mila et Adam. Mais Myriam souhaite reprendre son travail d’avocat et Paul travaille tard au studio d’enregistrement. Il leur faut donc prendre une nounou. Ils ne s’attendaient pas à cela. Cette tragédie rappelant Antigone pose tout de suite le cadre d’une fin terrible. Nous suivons ainsi des personnages aux caractères divers et justement définis. Le texte nous happe pour nous délivrer une fois la dernière ligne dévorée. L’écriture est souple, légère. Les phrases s’enchaînent, portant le lecteur jusqu’au bout. Une chanson douce portée par une tendre mélodie. Jusqu’où l’amour peut-il nous conduire ?

C’est donc sur ces dernières notes tragiques que je vous laisse et vous dis au mois prochain pour de nouveaux textes !

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