Interview Éditions de l’Aube

Cher renards, une fois n’est pas coutume, nous revoici pour un rendez-vous éditorial. Voyez plutôt…

L’Aube a été créée en 1987. Jeune trentenaire, donc ! C’est une maison indépendante et généraliste, fondée par un couple, Marion Hennebert, littéraire pur jus, et Jean Viard, sociologue. Littérature, française et étrangère, polars, sciences humaines, documents, essais universitaires sur l’aménagement du territoire, portraits de lieux… Les publications sont variées, les auteurs, nombreux, mais le moteur est toujours le même : la curiosité, l’ouverture et l’envie d’être un passeur d’idées, de contribuer à une meilleure connaissance et compréhension du monde. Nous avons rencontré pour vous Manon Viard qui partage avec plaisir son aventure.

    1. Quelle lecture vous a subjugué durant votre enfance et/ou adolescence ?

Grande question ! « Subjuguer » est un mot fort, ce sont plutôt des lectures qui m’ont marquée. C’est compliqué car il y a des dizaines de livres qui me viennent immédiatement à l’esprit. Des classiques comme la Comtesse de Ségur ou Jane Austen. Les romans de Judy Blume ou ceux de Moka, dans un registre très différent ! Je suis la génération Harry Potter, donc évidemment, j’ai été complètement fanatique de cette série à partir de mes onze ans. Au lycée, j’ai lu Les Caractères de La Bruyère, et j’ai été fortement marquée par leur justesse et leur intemporalité, alors que j’étais plutôt réfractaire aux « lectures obligatoires ». Je pense que le livre qui m’a le plus émue, c’est L’Ami retrouvé de Fred Uhlman. Mais celui que j’ai le plus lu, c’est Un toit pour nous trois, de Jackie French Koller. Il est toujours dans ma bibliothèque, tout jauni et tout corné.

 

  1. Quel a été votre parcours pour en arriver là ?

J’ai étudié le droit et l’anthropologie sociale et culturelle. Dans le cadre de mes études – je pensais me spécialiser dans l’anthropologie d’entreprise pour travailler dans les ressources humaines –, j’avais besoin d’une expérience professionnelle. L’Aube, fondée par mes parents, avait besoin à ce moment-là de main-forte. Je suis donc arrivée à l’Aube en juin 2011, une semaine après avoir passé mes derniers examens, pour une année de césure. J’y suis toujours…

 

  1. Que pensez-vous des prix littéraires ? Y portez-vous un intérêt particulier quant à vos publications ?

Les prix littéraires sont une merveilleuse opportunité de donner une visibilité et, au-delà, une reconnaissance, à des textes et à des auteurs. C’est aussi une tradition qui célèbre le goût de la littérature, y compris pour les lecteurs, il suffit de voir l’impact que cela peut avoir sur les ventes ! Après, il y a évidemment un côté tragique, pour tous ces livres et ces auteurs qui n’en recevront jamais alors qu’ils le méritent sans doute parfois autant (voire plus !) que les primés. Et un petit côté entre-soi que l’on peut regretter.

 

  1. Pensez-vous qu’un avis négatif vaut mieux que pas d’avis du tout ?

Je pense que le pire qui arrive à un livre, c’est de ne pas être lu. Chaque livre représente des heures de travail considérables. De l’auteur, évidemment. Mais aussi de toute la chaîne du livre. Chaque livre recèle une espérance. S’il voit le jour, c’est parce que des personnes y croient, l’aiment, ont envie de le défendre, ont envie de donner l’opportunité aux lecteurs de le découvrir. Alors un livre qui n’est pas lu, c’est terriblement triste. À cause de ce temps et de cette énergie « perdus », bien sûr, mais surtout à cause de cette espérance gâchée.

Cela étant, et pour les mêmes raisons, les critiques négatives sont très difficiles à entendre. Encore une fois, avant tout pour l’auteur du livre, cela va de soi. Mais aussi pour tous les autres, et sans doute particulièrement pour l’éditeur, qui se demande ce qu’il aurait pu ou dû faire autrement, ce qu’il n’a pas vu, pas compris.

 

  1. Pensez-vous que le poste de Françoise Nyssen au gouvernement aura un impact sur le monde de l’édition ?

C’est trop tôt pour le dire, mais je pense que c’est une belle reconnaissance et une belle opportunité, pour l’ensemble du monde du livre, mais pas seulement. Je trouve cela très courageux de sa part d’avoir accepté cette responsabilité.

 

  1. Quel(s) mot(s) caractérise(nt) selon vous votre maison ?

Liberté. Énergie. Ouverture. Curiosité. Envie. Passage. Diversité. Engagement.

 

  1. Comment trouvez-vous vos auteurs étrangers ? Avez-vous un agent extérieur ou prospectez-vous vous-même ?

Je travaille avec plusieurs agences et traducteurs, principalement avec une formidable traductrice d’anglais, Benoîte Dauvergne. Souvent, mon rôle consiste à étudier les différentes propositions et à faire des choix, voir ce qui m’intéresse, quel texte, quel auteur, auraient leur place dans notre maison, d’en discuter avec les traducteurs, avec mon équipe. On travaille aussi dans l’autre sens : on a envie d’aller vers un pays, vers des sujets. Par exemple, il y a un peu moins de deux ans, on s’est dit qu’on avait envie de publier de jeunes auteurs africains. J’en ai parlé avec des agents, avec Benoîte Dauvergne. Nous avons publié en janvier dernier un premier roman d’une Sud-Africaine, Karen Jennings, que je trouve excellent. Et notre roman d’août prochain est un premier roman d’un auteur nigérian, Diekoye Oyeyinka, qui est sans doute l’un des meilleurs romans que j’ai lu.

 

  1. Qu’est-ce qui vous plaît le plus dans votre métier ?

 On ne s’ennuie jamais, pas une seconde. Chaque livre est un nouveau projet, une nouvelle bataille. Chaque auteur est une nouvelle personne qui compte dans votre vie. Au fil du temps, ce sont souvent des personnes avec lesquelles vous créez des liens puissants. À l’Aube, on a la chance inouïe d’échanger au quotidien avec des gens brillants, passionnants, différents, pluriels, qui vivent partout dans le monde. C’est une aventure humaine d’une richesse hallucinante.

Hmm… tout cela donne grandement envie de découvrir de nouvelles merveilles venues d’ailleurs. Quand est-il de vous, chers lecteurs ? Quelle lecture vous a le plus marqué durant votre enfance et/ou adolescence ? J’attends de vos nouvelles !

 

Suite au prochain épisode…

La Sirène Tranchante

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Image Twitter

Vous commentez à l’aide de votre compte Twitter. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s