Eh bien petits renardeaux, nous voici repartis pour une belle aventure ! Venez vite découvrir une nouvelle petite merveille…
Tibert Editions publie des ouvrages qui s’articulent autour de l’illustration. Leur but est de mettre en avant l’objet livre, en réalisant des ouvrages soignés, et le talent des artistes d’aujourd’hui en leur proposant des projets originaux. Leur particularité est de proposer des tirages limités et numérotés. Écoutons ce que Camille, la graphiste du groupe, a à nous en dire.
- Qu’est-ce qui vous a poussé à créer votre propre maison ?
En tant que graphiste et anciens libraires, c’est notre amour des beaux-livres (jeunes et moins jeunes) qui nous pousse à nous lancer à notre tour dans l’édition. Nous regrettions le fait que l’on trouve de moins en moins d’ouvrages soignés à l’image des livres anciens et souhaitions remettre cela au goût du jour. Pour nous, l’avenir du livre se situe en partie dans le fait qu’il doit être un bel objet de collection. Cela donc, additionné à un goût certain pour l’entreprenariat, nous a mené vers la création de cette maison.
- Lorsqu’une maison d’édition se lance, quelles sont les bases à fixer ?
J’imagine que la première chose à faire est de se fixer une ligne éditoriale. Trouver une particularité qui va vous différencier des autres maisons. Ensuite, il faut organiser le fonctionnement de la maison : l’impression, la diffusion, la distribution… Et trouver des auteurs avec lesquels travailler !
- Quelles difficultés rencontrez-vous au quotidien ?
Notre adversaire principal est curieusement le temps ! En effet, nous avons tous des métiers en plus de la maison d’édition et il n’est pas toujours aisé de tout conjuguer.
Nous assurons nous-même notre diffusion et distribution aux vues des petits tirages que nous proposons, ainsi, il faut s’armer de patience pour acquérir un réseau de librairies qui nous soutiennent, de contacts presse qui peuvent mettre nos titres en avant, et, bien sûr, de fidèles lecteurs qui vont porter notre travail.
- Comment se déroule votre travail ? Comment vous organisez-vous face aux différentes étapes ?
Lors du démarrage d’un nouveau projet, la première étape est de définir l’essence d’un nouvel ouvrage. Dans notre cas : quel texte et quel illustrateur. Ici, deux possibilités : soit nous avons envie de publier un texte en particulier et dans ce cas nous nous questionnons sur l’illustrateur qui pourrait au mieux convenir à ce que nous souhaitons faire ; soit nous avons envie de travailler avec un illustrateur en particulier et donc nous lui proposons d’illustrer un texte de son choix.
Ensuite, si le texte est du domaine public, l’illustrateur peut commencer à travailler (une fois définis les termes du contrat, notamment la question des droits d’auteur), s’il ne l’est pas, à nous d’aller négocier les droits avec la maison d’édition qui les détient.
Suivant la façon de travailler de l’illustrateur, nous intervenons plus ou moins pendant la réalisation du projet. Certains ont une idée précise de là où ils veulent aller et après quelques discussions préliminaires, nous leur accordons toute confiance ; d’autres ont besoin de quelques aiguillages (notamment si c’est nous qui leur avons proposé le texte), et nous échangeons tout au long du projet, validant ou non les illustrations.
Quand l’ensemble des illustrations est terminé, c’est à moi (la graphiste) de prendre le relai pour réaliser la maquette du livre. Nous apportons un soin particulier au travail de la maquette, il y a donc beaucoup à faire.
Puis vient le moment de la commercialisation : le lancement des pré-ventes (création de produits dérivés, communication, gestion du projet), contacter les libraires et les journalistes, lancer l’impression du livre, envoyer les livres chez les libraires et les particuliers qui ont acheté le livre en pré-ventes. Nous organisons généralement une soirée de lancement conviviale sur Clermont-Ferrand (notre fief) en présence de l’illustrateur avec séance de dédicaces, peu après la sortie du livre.
- Quels partenaires avez-vous contacté en priorité ? Les imprimeurs, les diffuseurs, etc. ?
Notre priorité était de trouver un imprimeur de qualité (capable de répondre à nos exigences techniques) pour un budget raisonnable. Puis, comme nous assurons la diffusion, nous avons contacté un certain nombre de librairies, en général une par ville (ou un peu plus pour les grandes villes) afin de tisser un solide réseau qui ait envie de défendre nos publications.
- N’est-il pas compliqué d’être crédible au lancement d’une nouvelle entreprise face à des grands noms déjà bien installés ?
Je ne pense pas que la concurrence soit un obstacle à la crédibilité d’une nouvelle maison. Il faut des gros et des petits poissons dans une mare pour créer un équilibre. En revanche, il ne faut pas se lancer à l’aveugle, avoir de solides connaissances techniques et théoriques, des contacts et des idées (nouvelles dans l’idéal) pour assoir la crédibilité d’une jeune maison.
- Qu’est-ce qui rend, selon vous, un manuscrit publiable ?
Il faut que l’idée soit bonne. Que cela vous touche. Que quelque chose vous emporte. Le reste se travaille… Nous ne publions pas de textes nouveaux pour l’instant mais cela pourrait arriver si une perle nous passait entre les mains.
- Quel(s) livre(s) avez-vous lu plusieurs fois ?
Je ne relis pas beaucoup, il y a tant à découvrir ! Peut-être Mrs Dalloway de Virginia Woolf, Féerie de Raymond E. Feist, et bien-sûr Orgueil et Préjugés de Jane Austen !
Alors les renardeaux, prêts à vous lancer ? À très vite pour un nouvel échange !
Suite au prochain épisode…
La Sirène Tranchante