Sélection d’Hatanna – Octobre 2022

Hellow tout le monde ! C’est parti pour une nouvelle sélection de livres !

Débutons cette sélection du mois par un roman aux attraits particuliers… Voici un conte interdit ! Et quand on le lit, on comprend bien pourquoi… Maude Royer est l’auteure du Magicien d’Oz revisité. Dans cette version Dorothée est une jeune femme paumée qui est sur le point d’accouchée. Son mec la largue par téléphone, la banque lui annonce que son compte est mal en point, elle vient de perdre son travail et elle a un accident de voiture. 25 ans plus tard, des jeunes hommes sont retrouvés étrangement assassinés. Certaines parties de leur anatomie ont été inversées. Qui est l’auteur de ce crime, et surtout, pourquoi… ? Du suspens, du sang, du sexe, tout ce qu’on aime dans ce genre de texte ! À découvrir !

Poursuivons avec un roman poignant et offusquant par instant. Anne Loyer nous plonge dans son roman intitulé Vers le vrai. C’est un texte sensible qui dénonce les atrocités de certains parents envers leurs enfants. Pourquoi ? Parce qu’ils ne comprennent pas. Ils pensent que l’homosexualité est une maladie qui se guérit ou bien ils vous renient. Pas facile alors de s’accepter et de se convaincre que nous ne sommes pas des dépravés. Nos orientations sexuelles n’ont rien d’une déviance. Elles sont ce que nous sommes, elles sont une partie de nous. L’avis des autres ? Qu’importe. Ils ne partagent pas notre enveloppe charnelle. Certes, quand il s’agit de proches cela blesse voire détruit. Mais la vie se construit aussi grâce à autrui. La plume qui écrit ces lignes nous partage la souffrance de ces jeunes qui nous révolte à l’heure actuelle et que pourtant nombreux vivent sans doute encore.

Vient ensuite un roman musical ! Juke Vox de Pascale Perrier, génialissime ! Une jeune fille vient de se faire violer (moins génial !) alors qu’elle passe sa dernière épreuve du bac. Quinze jours plus tard, avec sa cousine, elles doivent partir arpenter les routes du Sud de la France afin de monter leur Juke Vox. Le principe est simple, les passants choisissent l’une des chansons de leur répertoire et elles jouent à la guitare et au chant cette même chanson. Le périple s’annonce dense et rude mais c’est une belle aventure tout de même. Le séjour s’achève brutalement quand elles apprennent que les violeurs ont été retrouvés et qu’il faut aller les reconnaître.

Terminons cette sélection avec Le Chat de la sorcière Millerats de Paul Beaupère et Marion Puech. Top sympa ! Molly est une sorcière de tout juste 256 ans qui doit passer un concours pour être reconnue meilleure sorcière sauf qu’en testant ses recettes de potion elle s’échange avec son chat. Résultat cata ! Elle compte tout abandonner mais Sacha refuse catégoriquement ! Ils ont intérêt de remporter le concours ! Mais comment faire pour que la supercherie ne soit pas découverte ? L’intrigue est drôle et parsemée de nombreux petits dessins qui agrémentent parfaitement le texte !

En espérant que cette sélection vous a plu !

À très vite !

Hatanna

Sélection d’Hatanna – Août 2022

Hellow tout le monde !

Prêt pour cette nouvelle sélection de livres ? Des lectures, encore des lectures ! Toujours plus pour ces esprits insatiables !

Débutons cette nouvelle sélection par un petit roman très sympathique ; La Vie extrêmement embarrassante de Lottie Brooks de Katie Kirby. C’est agréable à lire et c’est une romance adaptée pour les jeunes adolescents. Lottie est déprimée. Sa meilleure (et seule) amie vient de partir pour les plages australiennes tandis qu’elle doit faire son entrée seule au collège. Elle est plate comme une limande, n’a rien de cool et populaire, drame, comment faire ? Elle fait appel à sa voisine qui ne veut surtout pas que ça se sache. Normal, une quatrième qui parle à une sixième, la honte ! Lottie va donc tout faire pour se faire accepter. Nouvelles copines, nouveau style, il se pourrait même qu’un garçon s’intéresse à elle. Mais alors, qu’est-ce qui cloche ? Il faudra ouvrir son journal intime pour le découvrir…

Poursuivons avec La Forêt des nuages de Xavier-Laurent Petit. Ce petit roman d’aventure est très chouette. L’histoire se passe en Bolivie où une jeune fille de dix ans aide sa mère « Grenouillologue » à trouver une amoureuse à Romeo, dix ans, dernier de son espèce de prime abord. Elles vont donc faire un appel à dons avec une annonce style site de rencontres pour avoir des financements pour une expédition dans la forêt des nuages. Elles vont y arriver. C’est une très jolie histoire tirée de faits réels.

D’après La Traviata de Fabien Clavel est excellent ! Cette réécriture du chef-d’œuvre d’opéra est une merveille. On y découvre Waïla, qui devient rapidement Violetta aux yeux des autres. Elle évolue au départ dans la misère puis devient escorte pour en sortir. Elle rencontre rapidement Alfredo qui la comble de bonheur mais la plonge également dans la tombe sur la fin de leur histoire. Dans ce roman écrit en vers elle s’adresse à lui et lui conte son amour. C’est beau c’est tendre et c’est dramatique. Alfredo parviendra-t-il à revenir suffisamment vite ? Ou laissera-t-il la maladie l’emporter ?

Enfin, découvrons Les Derniers des branleurs de Vincent Mondiot. La Sirène Tranchante est un peu mitigée sur ce texte. D’une part le sujet est intéressant, la lecture se fait facilement et s’adresse carrément à des ados ou même à des parents qui souhaiteraient comprendre ce qu’il se passe dans la tête de leurs ados. On y retrouve trois adolescents fumeurs et branleurs qui vont peu à peu faire équipe avec Tina qui est la tutrice de Gaspard, l’un d’entre eux. Ils passent le bac à la fin de l’année et comme après eux il y aura la réforme, ce sont les derniers des branleurs. Avec le contrôle continu ce ne sera plus possible. On voit donc évoluer ces mauvais élèves au langage peu recommandable jusqu’à l’obtention, ou non, du bac. Ce qui est le plus dérangeant, bien que cela soit fait exprès au départ, c’est le langage trop vulgaire par moment. Autrement c’est une lecture sympa.

À très vite !

Hatanna

Sélection d’Hatanna – Juin 2022

Hellow tout le monde ! La Sirène Tranchante espère que vous allez tous bien avec les beaux jours qui se poursuivent et l’été qui annonce les vacances et le chant des cigales en folie ! Et vous, quelle sera votre destination ? C’est toujours bien si dans les valises vous emportez quelques bons livres. En voici quelques-uns…

Débutons avec Les Enfants des sables mouvants d’Efua Traoré. Ce court roman est génial ! Si vous voulez de l’aventure et du dépaysement c’est celui qu’il vous faut. Simi, jeune adolescente,  est envoyée chez sa grand-mère qu’elle découvre pour la première fois. Sa mère l’a toujours surprotégée. Elle avait peur de lui apprendre les vieilles légendes stupides qui règnent dans son ancien village. Mais quand Simi tombe dans le lac rouge, tout se bouscule dans sa tête. Il se pourrait bien que les légendes soient en fait bien réelles. L’auteure nous plonge au cœur de l’Afrique dans une culture riche et empreinte de magie.

Poursuivons avec une super bande dessinée : Lisa et Mohamed de Julien Frey et de Mayalen Goust. Les dessins sont doux, remarquables. L’histoire est très touchante. On plonge dans la guerre d’Algérie et la vie d’un homme qui des années plus tard accueille une jeune fille qui souhaitait être journaliste. Elle va vivre chez lui et découvrir son passé de harkis. Elle réalise alors comment les autres les perçoivent et à quel point il leur en coûte de ne pouvoir retourner dans leur pays.

Ensuite vient une autre bande dessinée, Le Labo d’Hervé Bourhis et Lucas Varela. Le sujet est particulièrement intéressant car il nous plonge dans la France des années 75 où les Charentais sont passés à un cheveu de marquer l’histoire des ordinateurs. On y découvre le labo, lieu de fourmillement neuronal où le bosse, après avoir fumé, a eu une vision du futur. Il y a vu le succès des ordinateurs et a décidé de changer son fusil d’épaule, de laisser tomber les photocopieuses, et de créer cette machine innovante. Mais… l’histoire n’est pas si simple. La question de la place de la femme dans la société est également mise en évidence dans ces pages. C’est un ouvrage percutant qui mérite le détour !

Enfin, terminons avec Rien nous appartient de Guillaume Guéraud. Encore une fois la Sirène Tranchante se laisse porter par la plume de cet auteur. Ça envoie du lourd ! Top, impressionnant et prenant. Un adolescent nous alpague en nous contant son histoire. Il va se faire sauter mais cela n’a rien à voir avec Daesh ou la religion. Il en a simplement marre. Marre du Covid, marre de cette vie de merde. Il relate son histoire et comment il en est venu à tuer un homme. Il nous parle de sa peine, de ses amis, de sa famille. Guillaume Guéraud est un auteur à la plume acérée mais pour une fois moins trash que ce que la Sirène Tranchante a pu lire de lui par le passé. Quoiqu’il en soit c’est un très bon roman, court et percutant. Il attrape le lecteur pour ne plus le lâcher.

À très vite pour de nouvelles découvertes !

Hatanna

Sélection d’Hatanna – Mars 2022

Hellow à tous,

Chers lecteurs votre Sirène Tranchante est vraiment navrée de vous avoir ainsi délaissés ces derniers mois. Un emploi du temps bien chargé et beaucoup de choses qui passent avant… Écrire ! Mais comme la lecture fait tout de même partie de son quotidien, et qu’une douce voix lui a fait remarqué que ces conseils vous manquaient, voici quelques petites perles à découvrir…

Tout d’abord, Mémoires de la forêt de Mickaël Brun-Arnaud. C’est top, c’est mignon et on a même la possibilité de verser une petite larme à la fin. Si, si, je vous assure. Pour les cœurs tout tendres ! Autrement de l’aventure et une bien sympathique quête. Une taupe débarque chez le libraire renard pour retrouver le livre qu’il a écrit il y a de cela plusieurs années et qui n’existe qu’en un seul exemplaire, dans cette même librairie. Le renard ne l’ayant plus depuis seulement la veille, ils s’embarquent tous deux dans cette folle aventure. Note importante ? Notre chère taupe n’a plus toute sa tête…  Aurait-elle la maladie de l’oubli-tout ?

Poursuivons avec La Malinche d’Élise Fontenaille. Récit très instructif ! Surtout quand on s’apprête à explorer les Amériques ! Voici donc l’histoire de la Malinche, une femme qui est à la fois considérée comme traître mais également comme mère-patrie. Quel dilemme ! La raison ? Elle fut la compagne de Cortés alors que le conflit contre les Aztèques faisait rage. Elle servit essentiellement de traductrice entre son peuple et les colons. Mais son histoire est loin d’être un conte de fées… Prêt pour une bonne dose de sacrifice ?

Ensuite découvrez Leur sang coule dans tes veines de Rachel Burge. Une lecture de choix quand on sait que la Sirène Tranchante commença son périple par la Norvège. L’intrigue se déroule donc en plein cœur de la mythologie nordique. Une jeune fille balafrée part en Norvège retrouver sa grand-mère sans le dire à sa mère. Mormor, la grand-mère, est morte. La jeune fille va alors avoir pour mission d’arroser un arbre en plein centre du jardin. Et si ce n’était pas qu’un simple arbre ? Des combats et une histoire qui tient la route. Ça vaut le détour et permet d’apprendre quelques rudiments sur cette mythologie !

Finissons enfin avec Bakari Champollion, chasseur de trésor, de Muce et Orenga. Aaaah c’était évident qu’à un moment votre fan et fervente créatrice de grands jeux de pistes allait trouver son bonheur dans l’un de ces romans ! Voici donc la dingue histoire de ces jeunes gens fascinants. Bakari et son amie veulent participer à une chasse au trésor énorme qui est réputée et qui ne fait appel qu’à de grands chercheurs. C’est assez loufoque et il y a pas mal de rebondissements. C’est entraînant. Alors à découvrir !

Sur ce votre Sirène Tranchante vous dit à bientôt !

Hatanna

La Guerrière des Claparèdes – Célia B.

Prologue

Une cuirasse à terre. Des corps qu’on enterre. Elle regarde fièrement le résultat de son dernier coup d’éclat. Ses cheveux humides collent son visage. Ils sont assortis d’un mélange de boue et de sang. Elle se sent apaisée. Sa lame vient de se gorger. Elle la range aux côtés de son bouclier. Ses mains sont douloureuses. De multiples entailles les assaillent. Elle essuie le coin de ses lèvres gercées par le froid. Assouvir ses pulsions, il n’y a finalement besoin de guère plus pour être heureux.

En des temps reculés et anciens, les dieux avaient pour seul loisir le combat. Faire la guerre les divertissait, nul besoin de raison. Et cet Art n’était pas réservé qu’aux hommes. Certaines femmes excellaient même dans ce domaine. C’était le cas de la première reine des Amazones. La seule qui parvint à rassembler ce peuple et à les unir. Une femme si sûre d’elle que rien ne l’effrayait. Chaque terrain devenait le sien du moment qu’elle le foulait. Même les grands plateaux ne pouvant la dissimuler face à ses assaillants lui étaient favorables. C’est ce qui fit sa force et renforça la crainte de ses adversaires. De nombreuses cicatrices jalonnaient son corps. Elle fonçait toujours et n’envoyait jamais ses guerrières seules. Elle était généralement en première ligne, ne témoignant d’aucune pitié. Son bouclier la préservait de quelques coups et ses épées fendaient les chairs. Des champs de désolation, aucun survivant. Elle aimait se retrouver seule face à son œuvre. Massacrer la galvanisait. Elle se posait ainsi, observant l’horizon et le coucher de soleil, les pieds baignant dans une mare de sang.

Elle avait néanmoins parfois besoin d’un peu de repos. Elle trouvait alors refuge dans la région qui la vit naître. Celle qui sent bon la lavande et où les cigales chantent quand il fait chaud. Elle aimait se perdre dans cette nature odorante qui lui permettait de se sentir chez elle. Ce lieu se nommait les Claparèdes. Et elle se nommait Orhiane.


Des combats, il en existe de toutes sortes. Et bien que certains n’en aient pas besoin, d’autres ont des raisons de souhaiter la mort.

Il la regarde par le trou de la serrure. Ceci dit, il n’a pas vraiment besoin de ses yeux pour comprendre ce qu’il se passe de l’autre côté de la cloison. Les bruits parlent d’eux-mêmes. Les cris de sa femme sont si intenses qu’on les dirait faux, poussés à l’extrême. La simulation n’était pourtant pas son fort la nuit dernière. Il comprend mieux pourquoi elle n’éprouvait pas beaucoup d’enthousiasme. Elle a su trouver mieux, encore. Quand parviendra-t-il à ne plus pardonner ? Ce n’est pas comme s’il ne savait pas. Il sait et, pire encore, il en a la preuve. Au diable cette foutue règle des premières fois qui sont censées vous unir à jamais. Il n’en a cure. Ce qu’il aimerait c’est lui faire payer tous ces coups bas, tous ces affronts. Ce n’est plus des cornes qu’il a. Ce sont carrément des défenses.

Les voir ne lui procure aucun plaisir mais il se dit qu’ainsi, peut-être, l’image de son épouse sera ternie. Il aimerait la voir tel le démon qu’elle est réellement. Il aimerait tant la détester pour ce qu’elle lui fait subir chaque nuit, chaque jour. Il la voit ainsi chevaucher ce nouvel étalon. Il grave en mémoire chacun de ses traits. Pour ce qui est de son cas, aucun doute là-dessus, il saura trouver la torture idéale. Foutu guerrier ! Dieu de la puissance ? Tu parles ! Le dieu de la forge rumine. Il jure intérieurement. Ce qu’il faudrait c’est que sa femme tombe enceinte. Comme ça il aurait tout loisir de nourrir sa colère contre l’enfant. Il pourrait ainsi l’atteindre par le biais de sa progéniture. Une vengeance parfaite ! S’il ne peut se défaire de son aimée, il trouvera le moyen de la faire souffrir autrement. Et il connaît la déesse idéale pour l’aider à tendre ce piège. Elle saura comment procéder. Après tout, avoir un bébé n’est pas si compliqué.

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Tyserem – Célia B.

Prologue

À longueur de temps, les gens se questionnent sur la vie, sur leur avenir, sans jamais cesser de vivre dans le passé. Ils aiment se triturer les méninges et ont énormément de mal avec les éléments qu’ils ne comprennent pas, que ce soit au niveau de l’éthique, de la sexualité ou des pratiques de celles et ceux qui les entourent. C’est donc dans cette conjecture de rejet que nul être ne se penche réellement sur la question d’un double. Un être à l’opposé de soi. Un être qui se baladerait sur les grandes plaines d’un monde parallèle.

Les parents ! Quelle magnifique invention pour ceux qui en ont. Ces êtres dotés d’une emprise remarquable sur leur progéniture mais qui en usent parfois à l’abus. On entend tellement d’histoires répugnantes à leur sujet ; un enfant congelé, un enfant violé, toutes ces horreurs qui à l’heure actuelle semblent beaucoup trop courantes. Non mais sans rire, si vous faites des gosses c’est pour les aimer, pour les chérir, pas pour les jeter dans une benne à ordures. Nombreux sont ceux qui rêveraient d’en avoir. Malheureusement, la nature en a décidé autrement, les privant du privilège d’enfanter. C’est terrible pour une mère qui aime ses enfants d’entendre pareilles atrocités. Alors imaginez celle qui ne peut connaître cette joie et qui en voit certaines piétiner cette idée même.


Les parents sont censés être là pour leurs enfants, les soutenir, être présents pour les premières fois, pour les exploits, mais aussi lors des échecs. Ceux sont les guides, ceux qui nous permettent d’avancer. Alors, comment grandir avec une mère disparue et un père inconnu ?

Karen Destot, tel est le nom que l’on me donne. Jeune fille en apparence ordinaire, presque banale. Une bonne éducation, une vie d’adolescente comme toutes les autres avec ses abus et ses coups de blues. Quelques phrases bateau et voilà, le tour est joué. Imprévisible, c’est ce qui semble me définir. Les gens qui m’entourent ont beaucoup de mal à me cerner. Quant à mes parents, mon père demeure inconnu au bataillon depuis de nombreuses années et j’ai perdu ma mère il y a de cela deux ans. Une explosion a eu lieu alors qu’elle enquêtait sur un meurtre dans une usine près de chez nous. Son travail de médecin légiste la catapultait parfois dans des situations quelque peu délicates. Et sa famille passait toujours au second plan. Je n’ai jamais passé de longues soirées à ses côtés à l’écouter me raconter des histoires ou à apprendre à la connaître davantage. Non, rien de plus qu’une simple fille qui connaît sa mère en la croisant tous les jours lorsqu’elle part au travail. Il lui arrivait même de ne pas rentrer du week-end. Mais elle n’est pas la seule dont le métier a coûté la vie. Sarah, Marie et Elly ont également perdu leur mère ce jour-là. Respectivement inspectrice, avocate et journaliste. Pénélope Molipet, Gabrielle Bano et Anna Sali avaient elles aussi connu une fin tragique.

Cet événement marquant a indéniablement resserré les liens qui nous unissaient. Amies depuis déjà plusieurs années, nous n’aurions jamais pu imaginer la direction que prendraient nos vies après cela. Du jour au lendemain, nous nous sommes retrouvées à vivre ensemble, sans parents, avec pour seul mentor ma grand-mère adoptive – une amie proche de mes parents que j’avais toujours considérée comme telle. À croire que nos mères avaient tout prévu. Nous héritions d’une somptueuse villa et ma grand-mère adoptive devenait pour chacune de nous le tuteur légal, les filles n’ayant pas davantage de figure paternelle. Elle ne vivait pas avec nous mais était là en cas de besoin. Pourquoi pas un orphelinat ? Une émancipation anticipée ? Nous ne nous étions jamais vraiment posé la question. Ce rythme de vie nous allait bien. Au final, c’était un peu comme une grande colocation. Nous étions libres et je pense que c’est ce que nos mères désiraient. Une liberté sans faille. On se demande bien pourquoi !

Bien qu’autonomes, nous n’avions que 15 ans lorsque le drame survint. Vivre avec des courants d’airs forge le caractère, j’imagine. L’accommodation à ce nouveau mode de vie fut donc rapide. Sans compter que nous avions l’habitude de passer des semaines entières chez les unes ou chez les autres, ce qui facilita la cohabitation. Étant quatre jeunes filles en effervescence, nous nous étions instaurées des règles relativement souples. Nous n’étions pas là pour nous prendre la tête mais simplement pour paraître plus ou moins normales aux yeux des autres qui ignoraient tout de notre histoire. Il y avait Sarah, la calme, la réservée. Jamais un mot plus haut que l’autre. Toujours dans la norme. Classe et discrète. Un corps menu, un teint pâle et des cheveux châtains, presque banale. Elle sortait avec mon meilleur ami et ensemble ils formaient le couple parfait. Ça en devenait presque ennuyeux. Puis il y avait Elly. Un tempérament de feu et des idées bien arrêtées. Une âme d’artiste, l’appareil photo à la main à la moindre occasion, elle passait quand même le plus clair de son temps avachie dans le canapé à regarder des séries. La flémingite aigüe l’avait assaillie. La procrastination était dès lors devenue sa devise. Elle avait plutôt une allure rock’n roll avec sa tignasse d’encre et son trait d’eyeliner sur les yeux. Ses ongles étaient quasi toujours vêtus de sombre. Elle aimait ça ; passer pour la gothique du bahut. Et enfin, il y avait Marie. Ah Marie ! La déesse de la mode. Une vraie bombe. Une chevelure dorée à vous éblouir, un sourire ravageur, et des tenues toujours parfaitement ajustées à ses formes particulièrement généreuses. La nature était bien faite, comme elle avait coutume de nous le rappeler. Elle ne jurait que par la mode et gare à celle qui sortirait dépareillée en sa présence. Quant aux garçons, ils tombaient tous comme des mouches. Un aimant à mecs ! Et si elle était dans les parages, il était inutile d’espérer attirer le regard d’un des spécimens. Ils ne voyaient qu’elle.

Cette expérience nous a fait grandir plus vite que d’ordinaire. Chacune avait ses propres traits de caractères mais les assumait et acceptait ceux des autres. À la fois déjantées et sérieuses, l’idée de départ restait de nous fondre dans la masse. En tout cas, c’était la mienne. Pour les autres, je ne pouvais en être certaine. Attirer tous les regards sur nous n’était pas vraiment le bon plan. Je n’avais guère envie qu’un inspecteur de la Ddaas vienne nous récupérer pour nous dispatcher sur le continent. Je parvenais parfois tellement à faire comme si je n’existais pas qu’on ne s’apercevait de ma présence qu’en fin d’année. La fille invisible et ses secrets, ses mystères.

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La Légende de la Sirène Tranchante – Célia B.

Prologue

Elle regarde sa main se poser. Ce n’est pas la sienne. Du moins, c’est tout comme. Elle ne sait plus ce qu’elle sent. La vivacité l’a-t-elle désormais désertée ? Une vague douleur entre les côtes la tiraille pourtant depuis quelques jours. Qu’a-t-elle fait ? Telles ses angoisses nocturnes, ses plans culs s’enchaînent et s’additionnent sans qu’elle puisse en tenir à jour le registre. Trop peu de temps… Entre deux, elle bosse. Elle ne laisse aucun repos à son cerveau. Si elle n’est pas en train de parler avec un nouvel étalon, c’est qu’elle le chevauche. Et si elle n’est pas en pleine course d’équitation, c’est qu’elle a le nez dans ses papelards.
Elle est étendue sur le lit. Ses yeux se vident. Sa main pâlit de seconde en seconde. C’est à peine si elle parvient à remuer le bout de ses doigts. Ses yeux vacillent, ses paupières se ferment. Rester éveillée semble insurmontable. Des douleurs parcourent son corps par à-coups puissants. Elle sent une main froide la saisir par la crinière et lui intimer de garder le regard fixe. Elle a froid. Un nouveau spasme puis un flash. Elle se souvient. La brûlure de sa gorge ravivée par la capilotraction l’a ramenée à la réalité. Encore un de leur jeu absurde. Elle aime se faire attacher, mais se faire étrangler… n’est-ce pas un peu violent ? Elle sent ses mains continuer de la caresser. Il n’a donc rien remarqué. L’emprise a été rompue il y a peu et c’est ainsi qu’elle reprend conscience de ce qui l’entoure. Les murs froids et humides de cet antre l’emprisonnent. L’obscurité entre en elle tandis que la grotte s’éveille. Elle tourne délicatement la tête vers lui. Une larme glisse de son œil et vient se loger sur l’oreiller. Il n’a pas ralenti la cadence. Remarquant son regain d’intérêt, il accélère. Saisissant ses jambes avec poigne et les passant autour de son cou, il fait quelques brefs va-et-vient puissants. Elle tente de se redresser mais il la fige contre le matelas.
« Laisse-toi faire », lui murmure-t-il. Elle perd alors le contrôle. Les ennuis ne font que commencer.


My Bloody-Valentine. C’est le nom de son album préféré. Et ce n’est pas uniquement dû au fait que son meilleur ami l’ait expressément suppliée de faire le dessin de couverture. Elle, une artiste ? Non. Elle est d’ailleurs plus maudite qu’artiste, des dires de ses vieux potes. Mais qu’importe. Ce qu’elle veut c’est simplement une occupation. Aucune restriction. Juste l’inspiration du moment. Seule ou à plusieurs. Rien ne l’arrête. Alors quand il le lui a demandé, elle n’a pu résister à la tentation de se servir une fois de plus de ses mains pour rendre service. Du moment que cela convient au receveur.
Mais forcément, quand elle est en panne d’inspiration et qu’elle ne canalise plus ses émotions, elle énergise en surplus et cela ne convient pas à ses nuits. Sa température corporelle augmente dangereusement et c’est cauchemars assurés. Traversant les ténèbres, ils se glissent dans ses draps et deviennent les meilleurs amants, de ceux toujours présents au réveil, de ceux qui apportent les croissants et restent déjeuner. La musique n’a plus aucun impact, elle n’a plus cette puissance, autrefois utilisée tel un talisman. Elle ne fait plus office que de figurant. Les enfermer dans une cage ne servirait de toute façon à rien. Ces fantômes de la nuit lui rappellent qui elle est vraiment et d’où elle vient. Ils la maintiennent en vie, en quelque sorte. Sans eux, elle ne se reconnaîtrait déjà plus dans le miroir. Jouer à faire semblant coule dans ses veines, c’est inné cette présence théâtrale, ce mensonge.
Encore une fois, ses yeux se ferment. Il est tôt. Elle sait pertinemment que si elle se laisse aller à cette heure-ci, sa nuit sera torride. Alors, elle s’accroche à ces quelques pages qui la séparent du palier salvateur. Ce fameux 23 h. Elle somnole mais tente de rester consciente. Cette nuit sera de courte durée. Attachez vos ceintures, le compte à rebours est lancé.

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Tyserem – Nouveau roman

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Bonjour à tous !

Aujourd’hui, petit article un peu spécial pour vous parler du nouveau roman de la Sirène ! Après La Légende de la Sirène Tranchante, Hatanna vous propose Tyserem, un ouvrage écrit au cours des années lycée de l’auteure. Embarquez de nouveau pour une destination inconnue et étrange, peuplée de créatures terrifiantes. Vous aimez le sang ? L’action ? Les combats ? Les mystères familiaux ? Ce premier opus est fait pour vous !

La bande annonce est disponible sur YouTube afin de vous donner un aperçu de l’ambiance ! Et il vous reste tout juste quelques heures pour faire une précommande avec le projet Ulule en cours et recevoir l’ouvrage dès sa sortie de chez l’imprimeur ! Sortie en librairie prévue pour le 30 août prochain ! Soit tout juste 15 jours !

Prêt à embarquer ?

À très vite !

La Sirène Tranchante